«C’est à ton tour de te laisser parler d’amour…»

casser ses chaînesRéflexion méditative d’un matin…

«Te laisser…» Quelle suave équivoque se glisse dans ces mots de la langue française ! Est-il question de laisser la Vie me parler de son amour?… ou moi, d’oser parler de l’amour dans mes conversations ou mes écrits?…
«…Parler d’amour…» Je le vois comme un bois de grève sur le rivage : ça part au large et ça fertilise la vie, puis un temps d’après ça vous revient avec la marée et vous vous demandez si vous avez bien fait de lancer ce mot à la mer.

Au bout de ma méditation sur l’audace à parler d’amour, j’invite Anne Sylvestre à nous le traduire en émotion avec sa chanson, immortelle comme la tendresse : «J’aime les gens qui doutent».

  Une vie : aller au bout de nos soifs?…

«…Parler d’amour..» J’éprouve une attirance, tellement ce mot a le dernier mot, oui, au bout de mes soifs …et l’instant d’après une pudeur à l’employer. Mais comment allumer d’autres à leur lumière, si je suis gêné d’allumer mon propre réverbère?…
L’instant d’après je me reprends : à bien y penser, ceux que ça gêne passeront leur chemin, et c’est ok. Ceux pour qui ça résonne loin en dedans s’attarderont…

Générer un monde renouvelé peut-il se faire sans une chaîne de contamination : non plus de nos peurs, mais de nos soifs de vie? Notre temps s’accélère : nous sommes à l’heure de forer plus creux dans nos quêtes de sens, de départager ce qui est profondément aimable de ce qui décidément ne tient plus la route de nos soifs.

Anne Sylvestre : «J’aime les gens qui doutent»

Au cœur de cette méditation m’est revenue comme un baume cette chanson d’Anne Sylvestre, qui nous dit «…Merci pour la tendresse». Elle résonnait pour moi comme l’invitation à faire l’amour à mes doutes, ouvrant l’instant d’après un chemin pour mieux entendre mes soifs de fond. La voici, avec les paroles à la suite :

Denis Breton

 

Les gens qui doutent

1
J’aime les gens qui doutent
les gens qui trop écoutent
leur cœur se balancer
J’aime les gens qui disent
et qui se contredisent
et sans se dénoncer

J’aime les gens qui tremblent
que parfois ils nous semblent
capables de juger
J’aime les gens qui passent
moitié dans leurs godasses
et moitié à côté

J’aime leur petite chanson
même s’ils passent pour des cons

2
J’aime ceux qui paniquent
ceux qui sont pas logiques
enfin, pas “comme il faut”
Ceux qui, avec leurs chaînes
pour pas que ça nous gêne
font un bruit de grelot

Ceux qui n’auront pas honte
de n’être au bout du compte
que des ratés du cœur
pour n’avoir pas su dire :
“Délivrez-nous du pire
et gardez le meilleur”

J’aime leur petite chanson
même s’ils passent pour des cons

3
J’aime les gens qui n’osent
s’approprier les choses
encore moins les gens
Ceux qui veulent bien n’être
Qu’une simple fenêtre
Pour les yeux des enfants

Ceux qui sans oriflamme
et daltoniens de l´âme
ignorent les couleurs
Ceux qui sont assez poires
pour que jamais l’histoire
leur rende les honneurs

J’aime leur petite chanson
même s’ils passent pour des cons

4
J’aime les gens qui doutent
mais voudraient qu’on leur foute
la paix de temps en temps
Et qu’on ne les malmène
jamais quand ils promènent
leurs automnes au printemps

Qu’on leur dise que l’âme
fait de plus belles flammes
que tous ces tristes culs
Et qu’on les remercie
qu’on leur dise, on leur crie :

“Merci d´avoir vécu
merci pour la tendresse
et tant pis pour vos fesses
qui ont fait ce qu’elles ont pu”.

Ω

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *