Archives mensuelles : mars 2020

Sur nos étalages : un jeu nouveau, et pourtant familier

Ça fit tout un battage publicitaire. Des émissions de télévision s’emparèrent du concept : du déjà vu, mais avec un air de famille sympathique — c’était avant le toute-à-l’électronique.
Chaque participant recevait 5 pièces d’un grand casse-tête. La carte, une fois composée, révélerait l’emplacement d’une terre vierge, inexplorée encore, une sorte d’île au trésor.
À tout moment un participant risquait de se faire voler ses pièces. Toutefois, quand il en donnait une, il en recevait deux en échange. Il fallait choisir…

À la fin du jeu, les gens avaient du brillant dans les yeux : leur cœur d’enfant avait refait surface. Quelle surprise d’apprendre, une fois la murale réalisée, que cette île au trésor existe bel et bien, mais qu’elle est éphémère : on n’y accède que lorsqu’on se met à jouer
…ensemble.

Denis Breton

Une découverte qui étonne, au temps du coronavirus

Beaucoup de gens se surprennent à faire cette remarque : en restant chez nous, en gardant nos distances physiques avec les autres, nous ne savons jamais si cette fois c’est nous qui allons être protégés, ou si ce sont les autres.
Du coup, la vie cesse d’être une affaire de choisir entre c’est-moi ou c’est-les-autres. C’est nous-ensemble.

Tiens, ces jours derniers Gilles Vigneault parlait de ça  : « On apprend qui nous sommes dans cette pandémie, on apprend que nous sommes tous devenus responsables de nous, et du voisin. C’est extraordinaire. Ça ne nous est jamais arrivé avant (…) dire à l’autre (…) “Attention, tu es responsable de moi comme je suis responsable de toi” » *

Denis Breton

________________
* Une entrevue avec Patrick Lagacé, La Presse, 2020-03-29.

Respirer, face au coronavirus : déjà dans notre trousse d’outils ?

nature, beauté, respiration, expansion«Comment savoir si on est infecté? Une simple auto-vérification que nous pouvons faire tous les matins» — Université Stanford (Stanford Hospital Board)

« Au moment où on a de la fièvre et / ou de la toux et qu’on va à l’hôpital, le poumon est généralement à 50% de fibrose et il est trop tard.

Tous les matins, respirez profondément et retenez votre souffle pendant plus de 10 secondes. Si vous le terminez avec succès sans tousser, sans raideur ni sensation d’inconfort, etc., cela prouve… »

Continuer la lecture de Respirer, face au coronavirus : déjà dans notre trousse d’outils ?

« L’Histoire se répète » ? Et si un chapitre inédit était en train de s’écrire…

On nous a habitués à des phrases comme « Depuis que le monde est monde, c’est comme ça… », « Partout où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie… », et plus récemment « Ah ça, c’est une théorie du complot… »

Voilà de bien belles pilules pour endormir notre soif d’autre chose — étonnant qu’on ne les trouve pas en pharmacie ! De quoi faire taire cette petite voix intérieure qui nous dit : « l’Humanité est capable de plus grand, et elle va y arriver…» Ce sera une coupure radicale avec des siècles d’obscurité.

Mais il nous faut — tout en gérant au mieux la pandémie actuelle — river nos yeux sur ce que nous voulons faire naître. Tenir un journal collectif des solidarités nouvelles qui explosent en ce moment, des solutions créatrices que ce défi de santé provoque : là sera le mode d’emploi de notre identité demain. 

Denis Breton

Coronavirus : dépasser le conditionnement social qui craint le chaos

Nous sommes entrés en période de tourmente : tout est prétexte à alimenter l’inquiétude. De quoi est fait notre effort d’appliquer les consignes sociales en vigueur ? Affaire de respect mutuel, de solidarité, ou dicté par une croyance sourde que nous serions en danger, et que les seules solutions seraient en dehors de nous ?…

Se peut-il que nous ayons un rendez-vous de vérité face à nos croyances de fond ? Où en sommes-nous quant au sentiment d’être aimé par la Vie quoi qu’il arrive ? Quelle confiance accordons-nous à la capacité de notre état d’esprit à générer le meilleur pour la suite ? Aux défis évidents amenés par la situation, reste-t-il une place à la perspective d’un grand ménage du printemps pour notre Humanité — qui au total nous laissera plus solides sur nos pieds quant aux valeurs qui ont de la valeur, quand aux leaders qui méritent notre confiance ?…

Denis Breton

Coronavirus et Boris Cyrulnik : vers un nouveau palier d’évolution humaine

Nos sociétés ont su rebondir à chaque époque. Elles ont tamisé certaines valeurs pour en retenir d’autres qui disent mieux encore ce qu’est vraiment la vie. Des chemins qui mèneront plus vite au bonheur, avec moins de souffrances.

Vous aimerez lire le texte d’une entrevue avec Boris Cyrulnik, où son mot de résilience  décrit bien notre rendez-vous d’aujourd’hui. Nous enfantons un nouveau palier d’évolution humaine…

Denis Breton

Coronavirus : tourner une quête de sens en conquête

Sous une volée de canards sauvages au-dessus de ma tête ce matin, une pensée monte toute seule. À l’heure où le coronavirus nous garde à la maison, souvent à jongler sur nos façons de rester en équilibre, ça me parle de nos quêtes de sens :

…Ça ne vient pas tout seul, des fois on s’écorche un peu les poignets. Parfois, un éclair : on se surprend à danser la vie un peu plus de l’intérieur, à moins la marcher au pas commandée du dehors. On dirait que notre quête de sens devient une conquête de sens. Notre Everest nous fait un clin d’oeil…

Denis Breton

Le coronavirus face à la Règle d’or

Dans le film le Titanic, tandis que le bateau sombrait, je n’oublierai jamais cette scène : les musiciens sont restés sur le pont, ont continué à jouer. Sans doute pendant ce temps certains se précipitaient sur les bouées de sauvetage restantes, en bousculant tout le monde. Nos réactions au coronavirus auraient-elles quelque chose de ça ?…

C’est plus fort que moi, la Règle d’or  valorisée par nombre de courants religieux millénaires me revient en tête. Imaginons ce que ça changerait si, au lieu d’y voir une exhortation morale, on y voyait une loi de la vie, qu’on peut formuler ainsi : « Ce que je fais vivre à quelqu’un d’autre est un appel à la Vie de m’en faire vivre l’expérience pour moi…. »
Car la vie est Une : nous sommes tous interconnectés.
Le beau défi de ramener le bateau à bon port tous ensemble…

Denis Breton

Coronavirus : à l’affût des solidarités inattendues

La guerre civile au Liban (1975-’90) avait fait éclore des initiatives de solidarité imprévues, qui se sont émoussées par la suite, au point que des gens ont avoué avoir presque envie qu’elle reprenne !
Le coronavirus a quelque chose d’une guerre : il nous isole les uns des autres de bien des façons, réveille des réflexes de dévaliser les magasins avant tout le monde…
Mais ce défi inédit recèle un potentiel de solidarités créatrices, dont nous gagnerions à faire le journal après coup : pour soi,  et collectivement : c’est le meilleur de nous qui refait surface.
Oh…, excusez, c’est mon téléphone : « Comment ça va ? Avez-vous ce qu’il vous faut ?… »

Denis Breton

Le premier virus à éradiquer : la peur

Le croiriez-vous ? Nos réactions à une épidémie qui se rapproche — aujourd’hui celle du coronavirus — peuvent tout d’un coup nous donner une mesure de notre confiance globale en la vie.

J’ai évoqué ailleurs que ça m’est arrivé, lorsqu’on m’a annoncé qu’au test du coronavirus j’étais « négatif » : c’était donc que je l’avais attrapé. Surprise ! je suis resté paisible : « la Vie m’aime, il doit y avoir de bonnes raisons… ». Bien sûr, j’ai été heureux d’apprendre que c’était le contraire : j’étais correct.
Cet événement m’a incité à me faire une synthèse personnelle la dynamique par laquelle mes croyances forgeraient mes réactions-réflexes.

Intuition et défenses naturelles

La contagion rapide du coronavirus en a ébranlé plus d’un avec des des questions du genre « Suis-je en danger ?… des gens que j’aime sont-ils à risque ?… est-ce que ça pourrait être mon tour d’y passer ?… C’est bien humain, du moins dans nos réactions primaires.

 Vous et moi avons fait l’expérience, devant une forte peur, de « perdre nos moyens », de nous mettre « les pieds dans les plats » : nous avons du mal à rassembler nos idées, nous cessons d’entendre les intuitions qui montent, prenons des décisions erratiques…
Jusqu’à 90 % de nos maladies seraient causées par le stress — l’enfant chéri de la peur.

L’amour, son contraire, stimulerait nos défenses naturelles. Plusieurs sources au rayon spirituel proposent que l’amour aurait l’effet d’élever notre état vibratoire plus haut que celui du virus, le rendant alors inopérant. Je n’ai pas fini de fouiller ce qu’en disent nos sciences sur le sujet. La physique quantique semble avoir fait des pas dans cette direction. J’ai décidé de donner sa chance à pareille vision.

De nos croyances à nos réflexes du moment

Ce que je crois comprendre aujourd’hui, c’est qu’avec notre héritage religieux, et aussi nos autres expériences de la vie, nous développons une corbeille de croyances, qui sont nos interprétations du fonctionnement de la vie. Les adeptes d’une religion ont des croyances, les scientifiques ou les artistes aussi. Les unes sont tenaces, d’autres partent au premier vent. Celles qui s’installent ont un pouvoir créatif bien plus grand qu’on le soupçonne : « Il vous sera fait selon votre foi » affirmait Jésus.
Ces croyances finissent par devenir notre expérience, car elles ont fait nos perceptions des situations, celles-ci ont créé notre état d’esprit (pensées, sentiments, émotions), qui à leur tour deviennent nos réactions-réflexes,..

Avec tout ce temps libre que me laisse le confinement de santé, j’en dégage une question intéressante à laisser traîner dans mon imaginaire  : « Mes croyances accumulées jusqu’ici ont-elles fini de me dire la vérité sur la vie, sur la mienne ?… »

Denis Breton

La Journée du 8 mars : équilibrer notre danse du féminin et du masculin ?

Permettez-moi cette petite réflexion, profitant de la Journée internationale des femmes.
Vous et moi avons tout de suite en tête l’aspect social : faire avancer l’accès consenti aux femmes dans les rôles politiques ou traditionnellement dévolus aux hommes; faire reculer la violence que tant de femmes vivent dans leur couple, dans leur communauté; établir un salaire égal, alors que tant de femmes vivent la pauvreté tout en étant seules pourvoyeuses de leurs enfants.

Nous mobiliser, aux côtés des femmes, contre des valeurs de patriarcat, elles-mêmes associées fortement au néolibéralisme : l’objectif est noble, mais pourquoi les succès tardent-ils tant ?… Se peut-il que nous ayons à nous mobiliser avec et non contre quelque chose ? Et que cet avec  signifie accueillir en nous que nous sommes fait et-de-masculin-et-de-féminin — qui doivent trouver comment danser la vie ensemble au dedans, pour trouver comment le faire au dehors, sur la place publique ?…
C’est ce que j’aimerais aborder avec vous de plus près dans cet article.

Continuer la lecture de La Journée du 8 mars : équilibrer notre danse du féminin et du masculin ?

Jean Vanier : réconcilier le noble et le misérable en nous

ombre, lumière, corpsJe reviens d’un voyage à l’Arche de Jean Vanier en France, où celui-ci fondait en 1964 la première communauté d’un réseau d’accueil de personnes vivant une déficience intellectuelle.
Je venais retrouver mon filleul qui n’en a peut-être plus pour longtemps à vivre, et saluer des accompagnateurs avec qui j’ai gardé de solides liens depuis les années 1975-76. J’y avais découvert un mode d’implication qui a changé la trajectoire de ma vie pour la suite.

J’ajoute ma parole à ce que les médias en ont rapporté, d’une part pour rassurer les gens tentés de perdre confiance dans la valeur de l’Arche — un concept d’accompagnement que je considère toujours aussi valable, et plus que jamais nécessaire à notre époque.
D’autre part, j’aimerais saisir l’occasion d’offrir une hypothèse de compréhension utile à notre propre quête de sens, face à la question qui nous a tous tenaillés ici : comment un leader spirituel considéré aussi inspiré qu’inspirant a-t-il pu se laisser aller à des abus sur des personnes ? Je ne viens pas juger, je cherche à comprendre.

Continuer la lecture de Jean Vanier : réconcilier le noble et le misérable en nous