Espoir …espérance …confiance : plus que des mots interchangeables ?

escalier lumièreComme si vous goûtiez un bon vin, prononcez lentement en vous : «Espoir… espérance… confiance…»
Comment résonne pour vous chacun de ces mots, là tout de suite ? Réveille-t-il quelque chose ?…

L’un ou l’autre vous a-t-il même, par moments, servi de poignée pour rebondir dans les coups durs ? Ou à l’inverse avez-vous prudence à l’utiliser dans une conversation, de crainte de passer pour trop jovialiste ou un peu illuminé-e ?…

Si un mot a été inventé, c’est qu’il y a une expérience humaine derrière. Et d’un point de vue énergétique, on apprend que chaque mot a sa vibration propre. Aurait-il son cadeau à nous faire ? Pourrait-il même nous servir de marqueur dans notre escalier de conquête du sens ?…

  Pour ma part, ce qui m’a donné envie de faire donner leur jus à ces mots, c’est mon expérience d’accueil d’enfants vivant avec de fortes déficiences : leur vie ne pourrait pas être autre chose qu’un marathon. C’est là que j’ai trouvé ma passion à épauler des gens pour gagner un peu plus de confiance sur leur parcours.

Dans l’espoir, je m’accroche aux branches

Quand je me parle de l’espoir — que ce soit face à mon évolution personnelle ou dans ma relation avec quelqu’un d’autre — j’ai tendance à y voir un mot prononcé dans l’insécurité : «Ah! si ça pouvait être vrai, possible !…» Mais ça nous dit qu’on n’y croit pas encore vraiment. Ça serait un coup du hasard. Pourtant, ça ferait tant de bien si…

Malgré cette ambivalence, l’espoir nous aide dans l’instant à nous dire : « Il y a autre chose que la claque sur la gueule que je viens d’essuyer, je ne vais pas me considérer battu d’avance…» Ou « c’est pas vrai qu’il-elle ne changera jamais… »  Sinon, c’est le découragement, l’horizon devient noir : «…À quoi bon lutter encore…» On abandonne la partie, et alors notre énergie chute à vitesse grand V.

Donc l’espoir a déjà toute sa valeur : il nous pousse à faire la vérité avec notre inconfort, notre doute ou notre peur de l’avenir. Il peut même nous retenir de poser un geste d’auto-destruction.

En espérance, je mets une semence en terre…

Nous voilà une coche plus haut. Face à une maladie, à un être aimé, à un emploi…, ce n’est pas juste qu’on refuse de s’avouer battu d’avance. On se met à croire que le changement est possible : « …c’est une question de temps. Il doit bien y avoir d’autres stratégies gagnantes…»
Ce n’est déjà plus l’inquiétude qui nous inspire, on détourne déjà le regard de nos problèmes pour envisager d’autres possibles. Même s’ils sont bien théoriques encore, c’est plus qu’une question de chance : on peut travailler dessus, on a du pouvoir.

Espérer dans autre chose, nous fait une autre sorte de cadeau : nous nommons nos soifs. Notre posture change : ce n’est plus le dos voûté de la victime, c’est l’explorateur qui relève la tête, tend l’oreille.
La visualisation créatrice est de l’ordre de l’espérance, je trouve : nous ne sommes pas encore rendu à réaliser nos buts, mais nous entreprenons de les semer dans notre état d’esprit : c’est notre premier terrain de conquête, et ils auront forcément leur récolte au bon moment.

En confiance, je mets mes dieux à l’épreuve

Adolescent, voyageant sur le pouce, j’avais été embarqué par Edouard-Jean Allen, un type dont la paix intérieure m’avait frappé. Il m’avait partagé sa maxime « Put your gods to the test, and throw away the rest». Je l’avais traduite par « Mets tes dieux à l’épreuve, et jette le reste au fleuve».

À mes yeux, la confiance dépasse encore l’espérance : elle nous donne une sensation de solidité. Car notre optimisme n’est plus juste de créer en nous-même une émotion réconfortante, et déjà semeuse d’avenir. Elle ajoute une plus grande compréhension de la vie — soit tirée de notre expérience, soit déduite d’éclairages consolidés sur comment peut bien fonctionner la vie. Ça va plus loin encore : quelque chose nous dit de l’intérieur que, quelles que soient nos culbutes, le bras de la Vie nous rattrapera toujours.

Quelques croyances dignes de confiance ?…

Faire confiance repose sur un coffre d’outils patiemment monté — notamment des croyances qu’on s’est écorché les poignets à consolider — ou à tout le moins une corbeille d’hypothèses sur la vie auxquelles on a décidé de donner leur chance, parce même d’un seul point de vue logique elles tiennent la route. Pour moi, mes deux croyances-passe-partout :

– J’ai décidé de croire à l’Unité de la vie, au fait que tout est inter-connecté. Je crois donc que ce que je fais vivre à d’autres est une sorte de demande à la Vie de me le faire vivre à moi aussi un jour ou l’autre. Je crois aussi qu’il y a un monde à réconcilier en moi, et que je gagne à mieux écouter ma petite voix intérieure lorsque j’entre en combat, en fuite ou en ambivalence.

– J’ai décidé de croire que les seuls outils qui marchent à long terme, sont des sous-produits de l’amour; que tous les autres ne créeront que des mirages ou de la poussière sur la route de nos explorations. Je me demande plus souvent « Que ferait l’amour maintenant ?…» comme le répète le spiritualiste Neale Donald Walsh.

– Et autre exemple, depuis que j’ai décidé de croire que chacun a entrepris le chemin d’exploration de la vie qu’il s’est choisi par avance en venant sur Terre, je compare de moins en moins ma situation à celle des autres : du coup je n’entre pas dans le doute sur moi-même, en même temps que je laisse les autres libres de leurs choix. Je prends bonheur à leur partager la compréhension que je crois avoir des choses, oui; mais je me dis que je n’ai à les convaincre de rien …sinon de la captivante aventure de faire confiance à leur petite voix intérieure.

*

Passer de l’espoir à l’espérance, et de l’espérance à la confiance…
Un chemin de croissance jamais achevé …mais qui en temps de pandémie et de chaos social réussit à activer en nous d’inépuisables levers de soleil.

Denis Breton

1 réflexion au sujet de “Espoir …espérance …confiance : plus que des mots interchangeables ?

  1. Bien étoffées ces considérations portant sur ces trois mots.
    Je dois avouer mon étonnement face aux deux premiers; j’ai la même compréhension que toi du mot espoir,
    alors que j’associe le mot espérance à la religion catholique, donc moins compatible avec la souveraineté que je désire établir en moi.
    Le mot confiance est nettement mon préféré. C’est lui qui me fait croire aux canalisations, aux êtres de lumière, aux galactiques, à un âge d’or qui débouchera à la sortie du tunnel des tribulations.

    Je constate qu’il ne fait pas partie de nos affirmations positives. Je devrai l’ajouter à la suite de lucidité et discernement.

    Bravo pour la conclusion en deux points !

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