Partager ce qu’on a appris de la vie

…Comme on laisse un héritage

Enfant, avez-vous souhaité ressembler à quelqu’un ? Adolescent, avez-vous été allumé par un prof qui vous a partagé sa passion ? De quoi est fait le brillant dans les yeux d’un aîné qui vient de rédiger son testament ?…

Se peut-il que le plaisir de partager ce qu’on a appris de la vie soit aussi viscéral que celui de donner la vie, de transmettre un héritage ?…

La chanson d’Yves Duteil qui suit, Le passeur de lumière, nous connecte avec cette mystérieuse soif, qui semble logée loin au dedans de nous — faite de nos conquêtes autant que de nos écorchures aux poignets. Elle nous entraîne par la force de son contenu, aussi par son rythme.

→  Auteur et interprète:  Yves Duteil

Le passeur de lumière

1
Je connais par bonheur un passeur de lumière
Amoureux des étoiles et curieux de la Terre
Emporté par son rêve à des années-lumière
Un jour il est parti jusqu’au soleil du désert
Pour suivre une comète qui lui faisait de l’œil
A travers sa lunette

2
Ça m’a fait tant de bien de savoir qu’il existe
Des hommes tels que lui qui souffrent et qui résistent
Son regard bleu s’éclaire de sage et de marin
Posé sur l’univers il m’a montré le chemin
Sa passion pour hier m’aide à croire en demain

Un peu de Frison-Roche
Un soupçon d’Archimède
Un grain de Moitessier
Et d’Henry de Monfreid
Le cœur émerveillé anonyme et modeste
Il m’apprend à aimer par la beauté du geste

3
Défricheur de l’azur L’œil toujours en alerte
Il marche à l’aventure part à la découverte
Devant l’immensité qu’il nous reste à connaître
A quoi sert de rêver si ce n’est pour transmettre
Lorsque l’élève est prêt arrive alors le maître

4
À travers sa mémoire il m’a ouvert les cieux
Et m’a confié un soir « Quand je serai trop vieux
Un jour j’y verrai moins et tu seras mes yeux »
Jamais il ne s’endort sans saluer la nuit
Je bénis ce trésor partagé avec lui
En passeur de lumière il éclaire ma vie

Un mot de réflexion

Yves Duteil a lui-même quelque chose de ces ouvreurs de pistes qui nous séduisent, dans le monde du sens. Toutes ses chansons finissent par nous parler d’être, nous laissent croire que c’est en fait la façon la plus sûre d’enseigner, si on a à le faire. Et de nous parler d’être en relation : le témoin aura partagé sa passion, tandis que lui-même se sera découvert un peu plus en le faisant.

Un aîné d’origine autochtone, Roger, m’a fait penser à Yves Duteil : je l’écoutais initier des jeunes adultes à profiter de leurs rêves. Lui-même avait puisé dans ses rêves des projets pour se rééquilibrer suite à des expériences de traumatisme d’enfance. Partager ce qu’on a appris est un des plus beaux chemins de guérison que je connaisse.

 Y aurait-il en chacun de nous un passeur de lumière qui s’ignore ? Passeur de ce que nous avons d’unique, et qui manquerait au monde si nous ne l’offrons pas à quelqu’un d’autre ?…

Denis Breton

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