Trouver un sens à sa vie quand les plus vulnérables autour de nous n’en trouvent pas ?

J’ai été remué à lire ce point de vue d’Isabelle Genest aujourd’hui : Et si les organismes communautaires n’existaient pas.
« Quel rapport avec Croque-lumière ? »
sursauterez-vous peut-être.

J’imaginais que cet article allait me solliciter sur la longueur d’onde du bénévolat. Quand j’ai déposé le texte, c’est sur un autre registre qu’il m’avait interpellé à mon insu. Une question est montée : « Pourrais-je longtemps garder intactes mes raisons de vivre si ma société les refuse aux plus vulnérables de mes voisins ?… » J’étais ramené à ma quête de sens.

Peut-être aimerez-vous lire ce point de vue sous pareil angle vous aussi…

  Un mot sur l’article

Et si les organismes communautaires n’existaient pas est proposé dans le cadre de la Semaine nationale de l’action  communautaire autonome, au Québec. Cet extrait débute l’article. ll vous soufflera l’envie de le lire ou de passer tout droit :

« Cette semaine, sans que vous ne le sachiez, une résidente de votre rue a mis fin à une relation amoureuse violente, un ami s’est inquiété pour la santé mentale de sa fille, une camarade de classe de votre fils a eu faim deux jours sur sept, un de vos collègues a eu des idées suicidaires. » (1)

Un raccord possible

Ce ne sont pas tous les gens qui se sentent appelés à côtoyer des gens qui en arrachent avec la vie. Certains leur apportent par leur qualité d’écoute ou par des actions d’urgence, certes.
Pour ma part je suis tombé sur cet article dans les jours où j’ai entrepris d’aider Yves (prénom fictif), que nous avions accueilli parmi nos enfants entre l’âge de 7 et 15 ans. Il vient d’être expulsé de son logement et risque de se retrouver à la rue d’ici quelques semaines.

Bien des façons d’ajouter au sens d’une vie

Des gens apporteront à distance, sans qu’on en voie le lien direct. Ça ne veut pas dire qu’ils soient des sans-cœur ou qu’ils accréditent la logique « au plus fort la poche ». 
Par exemple, les uns se verront davantage attirés par la vie politique à définir des priorités sociales humanisantes.  D’autres seront à l’aise à gérer des affaires, avec une préoccupation de salaire décent pour tous leurs employés. D’autres encore trouveront leur bonheur dans le système éducatif, souhaitant développer chez leurs élèves un niveau d’autonomie qui leur évitera de reproduire les conditions sociales qu’ont connues leurs parents,…

Le fait qu’on soit sur une piste de vie plutôt qu’une autre est une réalité mystérieuse. L’avons-nous délibérément choisie pour en faire une expérience de plus ? Beaucoup de gens, il me semble, ont le sentiment de poursuivre sur l’air d’aller de leur famille, de leur communauté d’appartenance …ou simplement sur le sentier du hasard.

À la réflexion, quelqu’un parmi nous peut-il se passer de trouver un sens à son aventure de vie ? Et se dire « j’y arrive bien » tout en restant à l’abri des autres ? Tôt ou tard leur réalité nous rattrape, personnellement ou collectivement. Soit qu’elle nous enchante et nous remplit d’énergie; soit qu’elle nous éteint subtilement, diminue notre envie de danser la vie.
Ça ne peut faire autrement, à mon sens. Je m’appuie ici sur deux croyances : la première est la conviction que la vie est Une, qu’à un niveau profond nous sommes tous interconnectés. La seconde croyance prolonge la première; on l’a appelé la Règle d’or : ce que je fais vivre à l’autre, je me le fais à moi-même.

L’émotion : une piste sûre

Peu importent les choix de chacun, ça lui appartient. Et heureusement, nous sommes à l’heure de délaisser les morales imposées pour les remplacer par la petite voix du cœur.
Je suggère un petit guide qui ne trompe pas, si nous savons l’écouter : porter attention à l’émotion, au ressenti qui monte en nous, au moment de croiser des gens dont la vulnérabilité nous rebute.
On peut faire ce franc-jeu dans l’instant, on peut attendre à l’heure de son dernier souffle : l’émotion est comme le corps : elle nous donne l’heure juste.

Je vous laisse avec le point de vue d’Isabelle Genest…

Denis Breton

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(1) Et si les organismes communautaires n’existaient pas. Journal Le Soleil de Québec, 23 oct. 2021. Isabelle Genest est présidente-directrice générale de Centraide Québec, Chaudière-Appalaches et Bas-Saint-Laurent.

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