Un miroir qui m’en dit davantage

singe, miroirUn matin récent, alors que je me levais avec un visage un peu tuméfié, j’ai eu l’impression de conscientiser une nouvelle étape dans ma façon de me regarder dans le miroir.

Au lieu de me rechercher une contenance, ou de m’intérioriser pour retrouver mon plus beau moi-même, j’ai pris contact avec le bonhomme qui m’apparaissait — comme s’il était distinct de moi, un autre.
Je l’ai regardé attentivement, au neutre d’abord, puis intéressé à découvrir ce qu’il exprimait…

→ Faire des grimaces ou exprimer plus grand ?…

Je me suis pris à l’idée d’explorer les différents visages que je peux exprimer à l’état naturel, plutôt que de rechercher celui qui me donnerait l’image la plus réconfortante.
Après tout, me suis-je dit,  si tout est relié, je suis connecté à l’Universel : mon identité la plus fondamentale est d’être tout ça, avant même d’entreprendre un parcours de vie unique : je dois bien pouvoir en exprimer quelques autres facettes !

J’ai eu l’impression alors de mieux comprendre les gens de théâtre, qui justement se passionnent à entrer dans la peau de personnages de plus en plus différents d’eux-mêmes : un jour un amant, un autre jour un criminel, un autre encore un poète…
Est-ce si différent d’une adolescente qui prend plaisir à essayer une variété de perruques et de maquillages ? Tandis qu’elle espère trouver avec quoi elle apparaîtrait la plus belle, quelque chose l’attire peut-être mystérieusement à explorer toutes les façons dont elle peut exprimer la beauté de la vie…

Je ne me doutais pas que je prendrais plaisir à ce changement : me permettre d’explorer les différentes manifestations de moi-même.
J’avais le sentiment d’avoir fini par décider, pour de bon cette fois, de croire à ma beauté profonde — considérer qu’elle n’a rien à voir avec la prise d’âge, de poids ou de déficience — et du coup décidé d’aller voir plus large… plus creux… plus loin.

pont de pierre…Et mieux comprendre alors un autre humain

J’y voyais une transposition pratique dans ma vie courante. Par exemple, dans mes rapports avec les gens, qu’est-ce qui m’empêche d’être tantôt l’oreille bienveillante, tantôt l’analyste critique, à un autre moment l’humoriste, le fantaisiste ou le sage ? — sans avoir le sentiment de trahir celui que je suis.
Comme si mon être était élastique, pouvait prendre de l’expansion en explorant de plus en plus les nuances de ce qui fait un être humain — et alors mieux comprendre d’autres gens, qui ont des profils aux antipodes du mien…

L’acteur paisible, qui a joué le criminel révolté, est sûrement mieux placé pour se retrouver face à face avec lui un bon jour, sans en avoir peur. Qui sait si une magie de la vie pourra alors se produire…

Denis Breton

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