Vers une 6e extinction …ou un grand allumage?…

Des cris d’alarme se succèdent en Amérique et ailleurs. Ainsi des jeunes Américains ont intenté procès à Donald Trump pour négligence face aux changements climatiques. Peu avant, c’était des jeunes de Floride, suite à la tuerie dans une école, qui réclamaient à hauts cris le contrôle des armes à feux…

Dans le même temps, d’autres actions collectives innovent pour prendre soin de la planète: on commence à voir des initiatives pour laisser aux magasins d’alimentation leurs emballages et repartir avec des contenants réutilisables… Des documentaires aussi captivants les uns que les autres sonnent le réveil et braquent l’éclairage sur des projets novateurs, telle la permaculture: pensons aux films Demain, En quête de sens, et plus récemment La Terre vue du coeur: des documentaires d’où on sort avec un frisson d’espoir et l’envie de retrousser nos manches à notre tour…

→  La Terre vue du coeur

Attardons-nous à ce dernier film, un autre coup de tonus en plein coeur.
Le diagnostic est sévère, quand on écoute Hubert Reeves  — astrophysicien mondialement respecté, qui ajoute la vulgarisation scientifique et l’activisme écologique à ses fleurons. Il nous situe en plein marathon pour une 6e extinction des espèces, cette fois enclenchée par les humains et non par des météorites. Depuis 1958, 58% des espèces animales auraient disparu. Et un périmètre de glaces de l’Arctique, qui devaient fondre en 30 ans de l’avis des experts, aurait fondu en 15 mois!…

La même analyse fait consensus: appuyés sur une interprétation de la Bible qui faisait notre affaire, nous nous sommes ancrés dans la vision d’être les maîtres du monde et des espèces, considérant les autres règnes comme de moindres intelligence et valeur, ce qui a justifié notre domination et notre appropriation du territoire. De date plus récente le néolibéralisme, à y regarder de près, n’est qu’un prolongement exacerbé de la même vision prédatrice du monde, et qui vient lui ajouter l’inégalité d’accès suivant la fortune.

Au contraire, il est urgent de passer à une vision de parenté avec la nature, d’interdépendance, et emprunter nos stratégies de développement à la seule boussole qui vaille: la stratégie utilisée par la vie elle-même, elle qui redonne à la nature ce qu’elle lui a pris et met en synergie la complémentarité des espèces vivantes — la nôtre étant humblement l’une d’elles. Et qui survivra si elle arrive à en faire un habitat sacré, comme l’ont compris les Amérindiens.

Où sont nos bougies d’allumage?…

Hubert Reeves pose la question à partir d’un oeil de scientiste: «…Allons-nous arriver à temps à inverser l’extinction?…» résumerait son propos. C’est déjà une extinction de voie, ça c’est sûr; mais on peut encore espérer que ça ne tourne pas à une extinction d’Humanité…
Avec franchise, Reeves ne se voit pas d’y répondre. Toutefois il invite à «faire comme si...»  et à passer à l’action sans tarder pour y arriver.
Dans le film, cette vision devient communicative, à mesure que d’autres témoignages s’ajoutent pour apporter des aperçus somptueux de la beauté de la vie, de sa variété, de sa résilience, et des preuves de communication entre les plantes, entre les animaux— que nous commençons à peine à reconnaître.

L’Humanité, une espèce en voie d’apparition?…

Bref, on sort du film avec une bouffée d’espoir, en se disant intérieurement «…Et si on s’y mettait?…» D’autant plus qu’une fois sorti de la salle de projection obscure, tout d’un coup c’est le soleil printanier qui nous éblouit. On se fraie un passage sur des trottoirs bondés… des musiciens qui font gazouiller leurs instruments pour nous mettre en printemps… pour une saison nouvelle qu’on se prend à désirer planétaire.

Ω

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