«…C’est parce que tu n’as pas assez d’amour»

Au poste d’essence, j’étais heureux de retrouver la jeune femme rayonnante qui me reçoit souvent à la caisse. Cette fois, elle m’a pris de court pas à peu près! J’essayais d’activer le paiement automatisé sur ma carte de débit, et zut, ça ne marchait pas.
Elle me regarde avec un sourire complice à faire fondre la neige, et me dit tout bonnement «…C’est parce que vous n’avez pas assez d’amour!»
 
Bien que je l’ai sentie complice, ça m’a fait réfléchir…
Les gens qui creusent en quête de sens savent que l’amour est le grand carrefour. Ils voudraient  aimer — je m’inclus! Mais ça n’est pas devenu réflexe encore tout le temps. Et quand un plus grand bonheur tarde à le prouver, ça nous prend toute notre persévérance. Serait-ce parce que nous ne croyons pas encore, pour de vrai, que l’amour est le seul outil qui fonctionne à long terme?

Outil… En pelletant la neige ce matin, je me pratiquais à appuyer la gratte sur ma cuisse avant de la basculer de côté, pour épargner mon dos. J’ai repensé à Benoit, mon vieil ami artisan : en refaisant ma galerie avec lui, je m’échinais pour arracher une planche bloquée dans ses clous rouillés.
Benoit m’a regardé avec un sourire en coin, a fouillé dans sa caisse d’outils, trouvé son pied de biche: la planche, il l’a déplacée sans effort.
«Donnez-moi un levier et je soulèverai le monde» aurait dit Archimède. Benoit savait ça d’instinct.
Levier… un autre nom qu’on pourrait donner à l’amour?…

Denis Breton

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