Cette phrase de ma mère m’avait marqué

Comment réagissez-vous quand vous voyez des amoureux dans un parc ou sur la rue  — tandis que vous voilà encore célibataire ?
Ou qu’en nature vous apercevez une maison de rêve au soleil — tandis que vous habitez un petit logement mal éclairé, ouvert à tous les bruits de la ville ?…
Vous arrive-t-il alors de ressentir une sorte de pincement au cœur : « Ah! ils sont chanceux …eux-autres ».

Et si nous fredonnions leur chanson ?… Pourrait-il arriver que l’effet contraire se produise : qu’en absorbant émotivement l’énergie des gens heureux, on arrive à se mettre un baume sur le cœur, et que celui-ci nous stimule pour attirer à nous plus de bonheur, à notre tour ?…

  « Réjouissez-vous du bonheur des autres… »

Il m’est revenu ici cette phrase que j’ai souvent entendu Maman nous répéter quand nous nous comparions aux voisins.
Pourtant, croiser des amoureux a dû lui soulever bien des émotions : sa vie de couple a été un enfer durant 30 ans. Comment arrivait-elle quand même à nous dire ça ?…

J’ai d’abord interprété qu’elle se voyait née pour un petit pain, résignée. Aujourd’hui, je perçois autrement sa petite phrase. Je crois que la valeur de l’amour à ses yeux était telle qu’instinctivement elle arrivait à se sentir proche des gens heureux, même lorsque ce n’était pas pour elle.

Je pense qu’elle nous a préparés à en faire autant. Car aujourd’hui, j’en suis arrivé à croire qu’il se joue là une dynamique de la vie insoupçonnée, et combien créatrice, au point de nous rendre capables de transfigurer notre interprétation de pareilles situations. J’aimerais vous partager des pistes pour rendre plausible cette vision : elle ne peut que renforcer encore plus notre admiration du tricot de la vie.

Nous avons toujours le choix

Revenons à notre exemple du couple d’amoureux en pleine pâmoison.
Ou bien je les regarde à partir de mon ego qui s’inquiète pour ma vie. Je les trouve chanceux, puis je me retourne sur moi-même à jongler sur ma situation de célibataire. Comme un ballon qu’on gonfle, j’amplifie mon émotion : ma sensation d’être seul… le souvenir de ma dernière relation amoureuse qui a tourné court… et je peux même me voir victime, reprocher à la Vie d’être injuste. Ça se pourrait bien que ça aille couci-couça dans l’heure qui suit : gaucherie avec un outil, des décisions à moitié prises, un manque de dynamisme,… : de quoi me justifier d’être une victime.
Avez-vous connu ça ?…

princesse et prince charmantL’alternative vous est peut-être familière aussi — mais il nous faut se la rappeler périodiquement. Je choisis délibérément de regarder ce couple heureux à partir du cœur. J’essaie intérieurement de ressentir leur fête intérieure, et d’une grande inspiration je m’en imprègne, comme je le ferais d’une chanson à la radio lorsqu’elle soulève mon émotion. Dans l’heure qui suit, il y a une forte probabilité que je continue sur l’air d’aller de cette énergie qu’ils m’ont partagée. Sur-le-champ je ne me sens plus victime de rien.

enfant joyeuxLes pré-adolescentes nous en donnent un beau témoignage : elles regardent un film de prince charmant, puis créent en elles-mêmes l’émotion qu’elles sont la princesse convoitée. Elles ne se doutent pas qu’elles préparent alors le terrain à accueillir pareil amour lorsqu’il croisera leur chemin.
Les enfants n’en font-ils pas autant, quand leurs rires déclenchent le vôtre et  vous laissent un moment dans l’enchantement ?…

Comment expliquer ça ?

S’agit-il d’un conditionnement que nous nous faisons, pour nous rassurer ou pour sauver la face à nos propres yeux ? — Pas du tout, me dit ma petite voix intérieure, et souvent mon expérience. Et la science actuelle nous aide à comprendre les répercussions de tout ça dans notre corps, autour d’un concept plus récent : le kindfulness (1)

Je vous partage trois convictions qui me servent de points d’appui pour nous rendre cette attitude crédible : une vision d’unité de la Vie où tout est interconnecté; la croyance que notre état d’esprit est créateur d’instant en instant;  l’intuition que chaque expérience douloureuse cache son cadeau de croissance.

Dans les deux réactions évoquées plus haut, la première me garde dans une vision de dualité : je me compare, je me dévalorise, puis je généralise mon mal-être de l’instant à l’ensemble de mon expérience. « Je ne serai jamais bon qu’à… ». Mon énergie s’épuise, et mon bonheur de l’instant avec elle.

La seconde réaction n’attend que mon volte-face, et elle peut être une petite révolution dans ma façon d’aborder le prochain instant. Elle me demande d’explorer plus creux sur comment peut bien fonctionner la Vie.
Elle sous-tend que jai accès à l’émotion et à l’état énergétique éprouvé par ces deux amoureux. Je m’en imprègne; mon attention s’est déplacée sur ma soif plutôt que sur mon malaise : alors mon énergie remonte, devient disponible pour l’optimisme.
Et cet optimisme est créateur, magnétique : il devient à son tour semence du pareil, un véritable aimant …pour mieux m’aimer.

…De quoi admirer plus encore la vie

J’ai souvent constaté que lorsque mon énergie remonte, il m’est plus facile d’entrer en admiration, et même en reconnaissance face au fonctionnement de la vie.
C’est ce qui m’arrive ici, quand je réalise que ce magnétisme auquel j’ai accès peut fonctionner à mon avantage comme une batterie. Une boucle énergétique m’apparaît, qui tourne dans les deux sens :  tantôt d’une autre personne jusqu’à moi, et tantôt de moi à quelqu’un d’autre.
Quand j’entre dans l’émotion que suscitent en moi nos deux tourtereaux, je vibre sur un registre plus haut : je sors de mon sentiment de manque, je me surprends même à chantonner. Cette énergie en moi réveille mon pouvoir intérieur : tiens, j’entends mieux ma soif de relation ou d’autres soifs que je laissais dormantes, j’identifie quelques visualisations créatrices qu’il ne tiendra qu’à moi d’alimenter…
Sur cette montée énergétique, j’arriverai sans doute à mieux écouter quelqu’un qui se confie, je prendrai satisfaction à envoyer de la lumière à un être aimé qui souffre ou à une population sinistrée.
Il y a donc là un petit miracle de la vie qu’il ne tient qu’à moi d’activer plus souvent.

Ma mère avait ce don de nommer les petits miracles sur son parcours. Au fait, avez-vous idée de ce qu’elle a pu vivre, au sortir de ses 30 premières années de courage ?
Elle a obtenu que soit dissout son mariage, même religieusement, puis elle a connu une seconde vie de couple particulièrement radieuse.
Je suis convaincu que tout ça avait préparé ses levers de soleil, à son heure. Tout est semence…

Une chanson sans âge

J’ai très envie de vous laisser sur une chanson — elle m’avait soulevé bien des émotions au sortir de l’adolescence. Elle me revient tout d’un coup en écrivant ces lignes : « Les amoureux », interprétée par Vicky. Qui sait si elle pourrait encore opérer une petite magie en vous.
Si cette chanson vient vous chercher, de grâce ne fermez pas la porte à votre émotion, suivez son courant; chantez-la même à tue-tête, si ça fait du bien… Nos émotions nous donnent l’heure juste.

Denis Breton

__________
(1) Kindfulness  : Vous aimerez parcourir cet article  de David R. Hamilton PhD. Il nous amène dans le corps physique à découvrir le nerf vague et d’autres fonctions organiques activées par la compassion, et activatrices de bienveillance tout autant.

 

Les amoureux
Interprète : Vicky Leandros, France 1967

1
Ils sont la lumière du matin, La fleur au milieu du chemin
Les amoureux,
Ils sont la guitare entre les mains, D’un gondolier, d’un bohémien,
Les amoureux
Ils sont la magie des magiciens, Le rivage des marins
Les amoureux,
Ils sont le manteau de l’arlequin, Ou la chanson d’un musicien
Les amoureux

Refrain
Amoureux,
Je vous aime, je vous aime,
Il n’y a que vous
Pour nous faire un poème, Un poème de ce monde fou.

2
Ils font des voyages merveilleux, Ils ont Venise au fond des yeux,
Les amoureux
Ils croient que le monde est fait pour eux, Ils ont raison deux fois sur deux
Les amoureux

Refrain

3
Ils n’ont pas fini de s’étonner, On ne peut pas tout leur donner
Les amoureux
Et, quand j’aurai fait mille chansons, La plus jolie aura leur nom,
Les amoureux
Oui ! quand j’aurai fait… (Bis)

La, la, la…

2 réflexions au sujet de “Cette phrase de ma mère m’avait marqué

  1. Quel bien ça me fait de te lire. Nous vivons a une époque ou les émotions refont surface comme il se doit afin de les bien vivre, à fond. La douce libération que ces émotions nous procurent est incalculable.
    Merci pour le partage et de cette chanson: Les amoureux!

  2. MAGNIFIQUE ! Ton texte : toujours inspirant. Célibataire ou amoureux, le travail sur Soi est toujours le même.
    Merci

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