Donner ou recevoir ? — une même danse

— «Je me donne beaucoup…»
«…Que voulez-vous dire?»

L’expression se donner : belle équivoque de la langue française! Parle-t-on de dépenser beaucoup pour soi? ou de se dépenser beaucoup pour les autres?…»

Hmm… À certains jours, je ne saurais pas répondre. Il m’arrive de m’offrir un achat coûteux, que j’hésiterais à faire pour un pur inconnu. Et en fait, c’est plus souvent l’inverse : j’offrirais bien souvent à d’autres temps ou argent, que je néglige de m’offrir à moi-même.

  L’amour: une danse de réciprocité

Le Sage de Galilée, il y a 2000 ans déjà, avait vu venir l’ambivalence qui nous gagne tous à certains moments, des fois même pour un long bout de vie. Sa proposition était limpide: «Fais aux autres ce que tu aimerais qu’on te fasse…»
Je suppose qu’il avait aussi en tête l’inverse : «Ose faire pour toi ce que tu serais prêt à faire pour d’autres…». En tout cas, je constate une chose: quand je me mets à utiliser le même critère pour les autres que pour moi, tiens : je sors de l’hésitation, et ça s’apaise à l’intérieur de moi.

Quand j’y pense, ça m’apprivoise à une vision d’unité de la vie, d’emboîtement du sens: avec d’autres sur une même grande piste de danse, je prends plaisir à trouver mon pas; puis plaisir à m’harmoniser au pas de l’autre; puis ensemble plaisir à entrer dans la ronde, qui nous amène dans une plus grande harmonie encore.
Nous tournoyons tous dans la même grande musique qui s’appelle la vie : l’important est de savourer ensemble le même rythme.

Ma mère aimait danser. Elle aimait aussi se gâter et se laisser gâter, et elle ne comptait pas. On aurait dit que donner ou recevoir était pour elle deux pas d’une même danse.
Une danse extensible, aussi. Je me souviendrai toujours de son expression: «…De toute façon, ça reste dans la famille».

Denis Breton

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