Faire passer les autres en premier : un déni de l’amour de moi-même?

«Faire passer les autres en premier
est une qualité qui s’acquiert
par l’expérience pure et simple» *

Pareille affirmation a de quoi dérouter : comment peut-elle être juste? Cache-t-elle des relents d’une éducation où l’amour de soi était suspect?… Ignore-t-elle l’observation que c’est le fait de s’aimer soi-même d’abord qui nous rend capable de nous ouvrir aux autres ensuite?…

Aujourd’hui la réponse m’apparaît non. Pourquoi donc?…


  Notre sentiment de sécurité aurait-il la réponse?

Faire passer les autres en premier ou moi-même? Voici mon hypothèse personnelle de compréhension à propos de ce dilemme.

Une Mère Teresa a voué sa vie à rescaper des enfants qu’on confiait à la poubelle. «Ah! on sait bien, elle, c’était une sainte…» aurait dit ma mère spontanément.

Quand, plus modestement, je me surprends à oublier mon agenda personnel pour une demande qui m’est faite; ou quand je laisse monter l’intuition que telle personne serait réconfortée par ma présence, je dirais que ça a de moins en moins rapport à une sorte de culpabilité de ne jamais en faire assez pour les autres — je l’ai effectivement éprouvée ici et là sur mon parcours de vie. Ce n’est plus que je me suis oublié moi-même.

Peu à peu, je crois comprendre que nos conquêtes de l’état amoureux, même gagnées au compte-goutte, ont l’effet d’augmenter notre sentiment de sécurité profonde, en plus d’être leur propre récompense. On ne m’arrache pas à moi-même, je m’offre…

Une affaire de complicité avec la Vie

Je ne m’oublie pas moi-même lorsque ça devient un partenariat avec Ce qui m’habite de plus grand. Car dans ces moments-là je me sais en pleine sécurité quoi qu’il m’arrive : je n’éprouve pas un sentiment de manque, mais de plénitude. Je découvre et se confirme à nouveau pour moi que d’habiter le sentiment amoureux comme j’habite ma maison me procure une satisfaction plus grande que si j’avais gardé plus de temps pour moi, ou préservé mes ressources.

…À une condition, toutefois : …pourvu que la joie soit de la partie. Si elle n’est pas au rendez-vous en même temps, ce service n’est pas pour moi, ou ce n’est pas encore l’heure.
Car quand ça le devient, ça va tout seul de demander  à l’autre «…Qu’est-ce qui te ferait du bien?…» ou «…De quoi aurais-tu besoin?…»

Un point d’appui plus racine  encore…

Il arrive qu’on trouve des enseignements qui après coup viennent donner une base à notre conviction plus solide encore. Ici, la phrase de Mike Quinsey allait en fait plus loin. Je vous la propose en entier :
«Faire passer les autres en premier est une qualité qui s’acquiert par l’expérience pure et simple,
et par la prise de conscience que vous êtes tous liés les uns aux autres au niveau de l’âme, d’où l’enseignement selon lequel vous êtes tous Un. (…) Il y a une grande satisfaction à aider les autres dans le besoin et plus vous les voyez sous cet angle, plus le lien entre vous se renforce. » *

Denis Breton
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* Un message recueilli par Mike Quinsey.

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