La Journée du 8 mars : équilibrer notre danse du féminin et du masculin ?

Permettez-moi cette petite réflexion, profitant de la Journée internationale des femmes.
Vous et moi avons tout de suite en tête l’aspect social : faire avancer l’accès consenti aux femmes dans les rôles politiques ou traditionnellement dévolus aux hommes; faire reculer la violence que tant de femmes vivent dans leur couple, dans leur communauté; établir un salaire égal, alors que tant de femmes vivent la pauvreté tout en étant seules pourvoyeuses de leurs enfants.

Nous mobiliser, aux côtés des femmes, contre des valeurs de patriarcat, elles-mêmes associées fortement au néolibéralisme : l’objectif est noble, mais pourquoi les succès tardent-ils tant ?… Se peut-il que nous ayons à nous mobiliser avec et non contre quelque chose ? Et que cet avec  signifie accueillir en nous que nous sommes fait et-de-masculin-et-de-féminin — qui doivent trouver comment danser la vie ensemble au dedans, pour trouver comment le faire au dehors, sur la place publique ?…
C’est ce que j’aimerais aborder avec vous de plus près dans cet article.

→  La danse du Yin et du Yang en chacun de nous

homme-femme,yin-yangMa perspective ici n’est pas militante. Elle vise plutôt à mettre en relief quelque chose comme cette double racine constitutive de chacun de nous, une clé nécessaire à pleinement se connaître. Les Orientaux l’ont appelé le Yin et le Yang, le masculin et le féminin de la vie.
Chacun de nous est fait des deux tendances, à des doses différentes. En pratique, autour de moi, je vois peu de gens considérer ça d’évidence, ou en tout cas voir l’utilité pratique de s’y arrêter. « Le masculin aux hommes, le féminin aux femmes, voyons donc ! »

Harmoniser masculin et féminin en nous parle d’un passage progressif de la tête au cœur, de la peur à l’amour, dans chacune des pelures de notre oignon, pour prendre une figure familière.
Côté personnel, c’est bien parce que des hommes se coupent de leurs émotions qu’ils finissent par s’exprimer avec violence.
On voit des femmes faire merveille en gestion, dans des situations où d’instinct elles savent budgéter, orchestrer, démarcher — pourvu qu’elles aient les coudées franches pour le faire à la façon d’une femme.
Côté social, nos retards à équilibrer d’une touche féminine nos rapports humains et nos décisions de gestion nous ont joué bien des tours — par exemple d’entretenir les rapports de force duels du type gagnant-perdant, moi-ou-l’autre. Mais voilà que nos sociétés sont bousculées à consentir à cet équilibre, avec quel vent de fraîcheur !

Ceci dit, chacun de nous, homme ou femme, peut avoir envie de se lancer à la découverte d’autres continents, ou de rester au port pour orchestrer la vie avec ceux qui restent sur place : l’un comme l’autre fait vivre.

« Le masculin cause, le féminin permet »

Si on cesse de confondre masculin-féminin avec homme-femme, et qu’on accepte que les deux impulsions nous habitent, on voit apparaître une palette de couleurs à notre arc-en-ciel qui pourra nous surprendre.
Je ne veux pas dire que nous soyons tous pareils, mais que ces deux polarités de la vie en nous méritent d’être explorées peu importe notre genre, selon nos appels intérieurs. C’est bien ce qui arrive à notre époque avec l’explosion des combinaisons de genre (LGBT…).

Il reste qu’à la racine, comme ingrédients de base de la recette d’un être humain, il semble bien que le masculin ou le paternel en nous donne une direction, sert de pilier à la maison devant la bourrasques des vents : c’est comme une colonne vertébrale. Il est dit que le féminin ou le maternel en nous crée le mouvement, relie les gens, cicatrise les liens écorchés, entretient l’appartenance : c’est comme un système sanguin. Aucun de nous de peut se priver de l’un ou l’autre, tout comme il peut avoir envie de les explorer au degré où il se sent appelé à le faire.

Colonne vertébrale et système sanguin, oui. Cultivés seuls, le masculin aussi bien que le féminin deviennent vulnérables. Le masculin, au lieu de protéger, devient contrôlant, et même guerrier. Le féminin, au lieu de rapprocher, se déstructure, sème la confusion émotive. Dans les deux cas la peur de vivre, la peur de n’être pas assez ‘viril’ ou ‘féminine’ selon les standards culturels, a pris la place de l’harmonie.
Comment comprendre l’autre, là où je ne me comprends pas moi-même ? C’est vrai au plan personnel, c’est vrai au plan social. Nous devenons comme le motard qui ne s’occuperait de gonfler qu’un de ses pneus.

Revoyons nos mobilisations face à la Journée du 8 mars : comment pourrions-nous mettre à meilleur profit nos énergies féminines — par exemple celles qui dans les conflits vont prioriser de comprendre plus que de juger, privilégier la négociation aux rapports de force, comme nous apprennent souvent les Autochtones ? Et quand ces énergies prennent visages de femmes concrètes, comment pourrions-nous davantage mettre à profit la complémentarité de leur différence ?…

De retour aux femmes, puisque ce sont elles qu’on fête aujourd’hui…

Si vous le voulez avec moi, levons notre verre à la santé de nos compagnes, de nos mères …et de leur patience à nous connecter au féminin qui nous habite aussi, nous les hommes.

Je savoure toujours autant la chanson qui suit (3min27) C’est Frank Michael qui nous l’offre. Aurait-elle encore quelque chose à nous dire ?…

 

Denis Breton

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *