Mendiant d’affection?…

«Auriez-vous un peu de monnaie?…»
Sans doute connaissez-vous cette petite histoire que raconte Eckhart Tolle (1). En bref, un mendiant quêtait sur le bord du chemin: une pratique vieille de 30 ans. Un étranger s’arrête,  répond d’abord qu’il n’a pas d’argent à lui donner, et après un moment il lui demande sur quoi il est assis.
— Une vieille boîte, depuis toujours…  
— Qu’y a-t-il donc dedans?… ‘jamais regardé ?…
Vous devinez la suite: elle contenait… de l’or.

Bien sûr, Tolle s’en sert pour nous conscientiser au trésor intérieur qui souvent dort en nous, sous-estimé: la puissance du coeur.

«Aime-moi don’ …plus que moi je m’aime»
Une deuxième histoire me vient en tête, cette fois bien réelle et tirée de ma propre expérience. Dans la quarantaine, ma conjointe et moi étions très engagés dans une vie familiale avec sept enfants dont trois très handicapés. Tout comme elle, il m’arrivait d’avoir besoin d’air — ça m’arrangeait alors d’en profiter pour faire des courses à l’extérieur.
Tiens, ça me rappelle ce que m’avait dit Jean Vanier un jour «Je pense que l’homme a un mouvement inné à chasser, et la femme à faire le nid…».

Cette journée-là j’étais en reproche en dedans face à ma conjointe: «elle a décidément tendance à m’attacher les pieds à la patte du poêle…», pour prendre une expression québécoise. Fatigué plus que de coutume, j’ai piqué une colère lorsqu’elle m’a demandé de donner priorité à une tâche de la maison …cette fois encore! J’ai rétorqué «tu ne reconnais pas tout ce que je fais à maison, comme si tu m’en demandais toujours plus…»

Je suis resté taciturne durant quelques jours, ruminant la situation. Et là, une prise de conscience-choc: j’ai réalisé que je lui demandais de m’aimer plus que je m’aimais moi-même. Il m’a fallu beaucoup de vérité pour me l’avouer! Et reconnaître que la vie n’était pas faite comme ça, que c’était à moi de m’aimer davantage, de prendre la place que je lui quêtais subtilement.

Plus loin que la psychologie…
Quantité d’études psychologiques ont éclairé pareille dynamique: je projetais sur quelqu’un d’autre ma difficulté à m’aimer soi-même.
Mais ça ne me suffisait pas pour me comprendre… C’est au rayon de la spiritualité que j’ai trouvé à faire le reste du chemin, pour en arriver à ceci après plusieurs années: la Vie m’aime sans doute infiniment, mais elle m’a donné la liberté : si je garde ma porte fermée, comment peut-elle m’atteindre?… 

À la racine, j’ai compris que l’amour n’est pas une prescription morale, mais notre nature essentielle. Notre coeur a une capacité d’aimer que nous ne soupçonnons pas — sauf par moments au contact des enfants ou de gens très aimants, ou à l’occasion d’une grande épreuve qui nous fait écouter notre vérité.
Nous avons la capacité d’appeler à la surface cette capacité d’amour, de nous en inonder nous-même comme une bonne douche, et alors ça peut même jaillir au dehors et en éclabousser d’autres — eux ont la capacité de ressentir notre état amoureux et d’en être séduits à leur tour, et alors ça nous revient…
Voilà ce que je comprends aujourd’hui et que j’ai entrepris de transposer dans ma gestion de moi-même. S’il m’arrive un jour d’écrire un livre sur mon expérience, son titre est déjà trouvé: ‘Permettre à la Vie de m’aimer’…

(1) Eckhart Tolle, Le pouvoir du moment présent. Disponible gratuitement en ligne.

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