Notre terroir : un laboratoire de sens

cabane à sucreTransformer l’eau d’érable en vin :  à l’école de Patrice et de Clara

En Mauricie au Québec, un couple vinificateur amateur a l’idée d’explorer les possibilités offertes par l’eau d’érable pour en tirer un vin, allant plus loin que produire du sirop ou de la tire d’érable.

« Réfléchir notre territoire, ça m’a poussé à suivre mon instinct et à mettre en valeur ce qu’on a. C’est toujours ça que je recherche. » confie  Patrick Plouffe. Pour lui et sa compagne Clara, ça fait partie de vouloir mettre en valeur les saveurs qu’ils peuvent tirer du terroir qui est là, sous leurs pieds.

Ce couple créatif m’a donné envie d’explorer mon propre terroir de vie. Leur expérience me fait réaliser à quel point ma recherche de sens pour ma vie a tout autant besoin d’une exploration de mes enracinements terre-à-terre, qu’elle a besoin d’établir une connexion avec l’univers spirituel. Pour être réel, incarné; pour être complet, unifié.

Avec le recul, ça ne fait qu’agrandir encore mon admiration pour le tricot de la vie, et pour mon envie d’en tricoter quelques mailles à partir de mon propre enracinement…

L’eau d’érable

Personnellement, j’ai toujours aimé aider mon ami Léandre, cultivateur et acériculteur, à entailler ses érables au printemps. Il m’expliquait que l’eau d’érable est cette première montée liquide, sous l’écorce. Plus sucrée que la sève, elle est utilisée par l’arbre pour nettoyer ses canaux, juste avant que la sève y monte. Plus on la fait bouillir, plus sa saveur sucrée s’affirme.

Dans l’expérience évoquée ici, Patrice Plouffe et son épouse Clara Bonnes * ont voulu savoir ce que ça donnerait si on faisait fermenter l’eau d’érable, puis si on y associait d’autres saveurs propres au terroir local.
« …Qu’est-ce qu’on peut faire de mieux avec le sirop d’érable ? se demande Patrice. Est-ce que, comme avec le vin, on peut faire reconnaître les différents terroirs ? »

Du sirop d’érable au pays de l’érable

Bien des questions ont surgi pour moi au fil du temps. « Pourquoi donc suis-je né au Québec plutôt au Basutoland?… À quoi m’a servi d’aller rouler ma bosse au Mexique, en Europe ou en Afrique ?… »
C’est en commençant à rédiger mon histoire de vie — à l’idée de créer un pont avec mes petits-enfants quand ils seront dans la vingtaine — que j’ai vu apparaître avec clarté certains liens dans mon parcours : « Tiens, tiens… »
À 5 ans, j’estime, j’ai désiré être missionnaire en étant fasciné par un oncle missionnaire qui revenait d’Afrique; à la retraite aujourd’hui, je me retrouve captivé pour partager avec les gens sur la quête de sens, et même entretenir depuis 4 ans un blog dans ce domaine…
À 19 ans je traversais le Mexique sur le pouce, sans me douter que ça allait influencer l’adoption de notre fils mexicain 40 ans plus tard.
À la même époque j’entreprenais des études universitaires : en sociologie j’étais captivé à étudier la dynamique du changement social et de la transmission des mentalités religieuses. Me voilà aujourd’hui à rechercher comment aider des gens à élargir leur compréhension de la vie, à oser le changement spirituel avec confiance.
Je me suis aussi passionné pour l’anthropologie et les peuples autochtones. Comment ne pas y voir un autre ancrage, 50 ans plus tard ?  Je me suis mis à intervenir comme médiateur interculturel en immigration, puis à mettre en valeur la spiritualité autochtone millénaire.

Mettre en valeur le terroir où je me suis planté

Tout ça pour dire que des forces mystérieuses semblent nous inviter à mettre à profit notre vécu dans un terroir ou dans des parcours spécifiques, à en tirer le jus avec bonheur autant qu’avec expertise, pour ensemencer à notre manière le jardin du monde.
S’agit-il simplement d’une sagesse de la Vie à notre égard ? Ou en plus que nous aurions nous-même choisi l’essentiel de ce parcours avant de naître — comme j’aime à le penser aujourd’hui ?
Peu importe : nous n’avons jamais fini de sursauter aux petits miracles de la vie, jamais fini de nous abandonner à faire confiance au fil de son eau.

Trouver les convergences entre science et spiritualité

Autant j’aime explorer les événements concrets de mon parcours sur Terre pour enrichir ma propre quête de sens, autant l’exploration des affinités entre la science et la spiritualité mérite attention.
Nous admirons d’un côté les grands scientifiques, et de l’autre les grands mystiques. Vers quoi convergent leurs trouvailles ?… Par exemple, la physique quantique —  qui fait des découvertes impressionnantes depuis une centaine d’années déjà — vient accréditer nombre d’enseignements reçus au plan spirituel, à propos de l’énergie, du temps et de l’espace, et même d’une perspective de finalité ordonnée et unifiée à l’échelle de tout ce qui existe. À l’inverse, des sources spirituelles sans cesse invitent nos scientifiques de diriger leur télescope ici à gauche, là à droite, pour valider ou aller plus loin dans leurs conclusions.

L’infiniment grand et l’infiniment petit semblent décidément obéir aux mêmes lois, sortir de la même usine. Là aussi mon admiration pour le tricot de la vie ne fait qu’augmenter.    

Denis Breton
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* «Le couple qui vinifiait des arbres», par Sophie Grenier-Héroux, Le Devoir, 29 avril 2022.

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