Lutte au racisme: une ornière de tension collective 1/2

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Ces dernières années au Québec, des gens et des groupes ont entrepris de faire le procès du racisme et de l’exclusion systémique. Le but était bien sûr d’instaurer la convivialité,  le vivre-ensemble comme on en parle aujourd’hui. Représentations citoyennes, proposition gouvernementale d’une commission parlementaire, puis volte-face, nouveau projet plus mobilisateur. Notre société se cherche…

Dans la période, j’ai assisté à la conférence d’un militant sérieux et éloquent. Il nous a présenté la carte de l’islamophobie au Québec, à laquelle il dit avoir consacré 7 ans. À la fin, une période de questions pour l’auditoire:  peu d’interventions. J’étais très mal à l’aise, mais je suis resté silencieux : j’avais besoin de plus de temps pour m’entendre de l’intérieur…
Je me suis contenté de me dire que cet analyste, avec toute sa ténacité déployée, aurait fait un magnifique cadeau au Québec s’il l’avait employée à dresser une carte des témoignages de bienveillance interculturelle donnés par des  Québécois – il en aurait sûrement trouvé dans toutes nos régions…
J’espère me tromper, mais je croirais qu’il n’a convaincu que ceux qui pensaient déjà comme lui et que l’occasion a été perdue d’émouvoir  ceux qu’il souhaitait voir changer d’attitudes. Lui-même en est sans doute sorti plus frustré et combatif encore. Qu’aurait-il répondu si  on lui avait demandé «Que proposez-vous pour gagner le coeur des citoyens d’ici à faire leur place aux gens de l’Islam?…» 

Nos marécages d’émotions personnelles

Le tableau est-il si différent pour chacun de nous lorsque nous tournons autour de nos problèmes, faisant plus ou moins la carte de nos manques — surtout les manques des autres à notre égard: les injustices subies, les déceptions dans nos relations sentimentales, les insuccès dans nos projets… Nous pourrions donner des conférences sur ce que nous ne voulons pas pour notre vie!… Et nos bibliothèques, notre Internet regorgent de modèles de thérapie. En sortons-nous en sachant vivre autrement dans la suite?…

Quelle dynamique se joue dans nos impasses?

Si on y regarde bien, le contexte personnel et le contexte social rejouent souvent les mêmes scénarios : nous amplifions nos problèmes, alors que nous voulions justement les dissoudre. Bien intentionnés, nous ajoutons du bois dans le feu de ce que nous ne voulons pas, tout surpris qu’il prenne plus de vigueur — ce qui nous laisse sans énergie pour entreprendre ce que nous aimerions faire d’autre, ou sans modèle pour savoir comment nous y prendre. Quel temps consacrons-nous à apprendre de nos expériences vécues?…

Un témoignage éloquent d’autre chose

Connaissez-vous Bertrand Piccard, ce pilote suisse aux idées pour le moins novatrices?… Son exploit a fait le tour du monde — c’est le cas de le dire! — dans les médias, parce que lui, l’avait fait en vrai: il a lui-même ceinturé la planète dans un avion propulsé …au solaire.
Vous aimerez lire entre autres l’article que publiait le Devoir en mai 2018, titré «Un nouveau tour du monde pour démontrer la rentabilité des énergies propres».

On nous apprend qu’il prépare un nouveau coup fumant : il a résolu d’avoir, d’ici la fin de 2018, trouvé 1000 solutions qui «protègent l’environnement de façon économiquement rentable, donc qui créent des emplois, génèrent du profit, soutiennent une croissance propre.»

Ce qui a retenu mon attention ici, c’est non seulement qu’il annonce ce que nous voulons tous pour demain, mais aussi la réponse qu’il a donnée quand on lui a demandé «Est-ce qu’à votre avis la transition énergétique mondiale s’effectue à un rythme satisfaisant?»
Sa réponse a été celle-ci : «La transition énergétique va beaucoup trop lentement parce que, pour l’instant, on veut lutter contre ce qui ne va pas plutôt que d’essayer de l’améliorer. On a donc l’énergie renouvelable contre l’énergie fossile. On a ceux qui ne polluent pas contre ceux qui polluent. (…) Ce qu’il faut, c’est montrer à un maximum de gens pourquoi ils doivent se diversifier, en leur montrant pourquoi ils ont un avantage à le faire.»

Des réalisations comme celle de ce pilote d’avion m’allument, ça me vaut tous les romans d’aventure: il chercherait des reporters pour son nouveau projet d’inventaire, que même sans le connaître je m’offrirais tout de suite! À l’inverse, ceux qui font la chasse à la déviance me laissent une saveur aigre-douce de bonheur gaspillé: ils m’éteignent, me découragent par avance de m’y mettre.  Pourtant nos deux témoins cités précédemment ont le même but: faire que notre monde tourne plus rond. J’ai cette soif, et vous aussi sans doute… — sinon vous ne liriez pas ces lignes.

Dans notre coffre à outils de la vie, se pourrait-il que nous soyons tous équipés de la paire de pinces qu’il nous faut, mais que distraitement nous ne la prenons pas par le bon bout?…

Avant de lire la suite, je vous propose de vous demander: à quoi vous fait penser pareil commentaire, à supposer que vous l’appliquiez à votre propre expérience?… 

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