Réconforter quelqu’un qui souffre …quelles clés ai-je dans mon coffre d’outils ?

Ce matin, une amie me parlait de sa rencontre avec une jeune femme très déprimée suite à son accouchement. Immigrante de fraîche date, parlant à peine la langue d’ici, elle se sentait écartelée devant l’avalanche des nouveaux besoins et bien loin des siens pour y faire face.

Je me suis demandé comment j’aurais moi-même réagi à l’écouter. Qu’aurais-je pu lui apporter de meilleur ?…
Dans l’instant j’ai fouillé dans mon coffre d’outils : devant mes propres passages à vide ou souffrants, qu’ai-je aujourd’hui comme points d’appui pour rester confiant ?…

« Si ma vérité ne dit pas l’espérance,
mieux vaut me taire »

  Écouter d’abord, et peut-être seulement ça

Dans un mouvement naturel à réconforter, j’ai appris que le fait d’écouter est déjà apaisant : ça met l’autre en écoute de ses propres voix — qui parlent bien bas quand on se sent apeuré ou coupable de ce qui nous arrive.

J’ai souvent escamoté cette étape, me suis précipité à proposer une interprétation de la situation, ou encore des réponses insuffisamment saucées dans mon propre vécu.
Mon écoute était sincère; venait-elle pour autant du cœur ?
Aujourd’hui je repense à ce qu’écrivait Pascal, dans ses Pensées : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ». Je crois désormais que seul le cœur connait le passage qui mène à la paix intérieure, car seul il laisse monter les intuitions en prise directe avec la vie, là où la peur ne peut plus mettre de voile à notre propre capacité à nous guérir.

…Et si on sent de parler solutions ?

Quand une situation me blesse encore, j’ai une tendance naturelle à rechercher des principes d’action qui seraient stables, enracinés dans la dynamique même de la vie. Bien sûr, il faudra que ça débouche sur des gestes concrets pour changer quelque chose à la situation, mais ça, c’est l’étape d’après. Il faut d’abord que je trouve de quoi mobiliser une confiance et une énergie en moi, alors des réponses naîtront de l’intérieur, sur mesure avec le contexte que je traverse. Sinon, je nage à contre-courant de ma vie et je fais rire les crocodiles, me dirait mon ami Africain : mes ‘solutions’ finiront par m’épuiser, et même me créer de nouveaux désenchantements.

Dans cet esprit, on dirait que mon expérience me ramène toujours à deux convictions, que j’aime à partager :
– Créé libre de ma vie, j’en suis le créateur à chaque étape, bien plus que je le pensais : dans les événements qui m’impliquent, aussi dans les guérisons à faire naître. L’extérieur ne m’influence que si je le lui permets.
– J’ai plus de pouvoir sur ma vie que je le croyais  — surtout si j’appelle consciemment l’aide de Forces spirituelles qui voient plus large.

S’il s’agit de réagir à la confidence de quelqu’un d’autre, j’essaie de ramener la personne vers ses propres réponses. Souvent je pars des miennes, alors seulement pour illustrer à quoi ça peut ressembler dans un vécu bien réel. Et j’invite la personne à entrer en résonance avec le ressenti qu’elle en tire, à le faire le plus amoureusement qu’elle le peut pour elle-même.

Ça marche parce que j’ai choisi d’y croire

Quand je repense à cette jeune femme immigrée qui surnage à s’adapter à son nouveau contexte de vie, il m’est remonté trois hypothèses de positionnements qui me paraissent cohérentes avec l’ensemble de ce que je comprends de la Vie et de la mienne :

-Si la Vie permet que je me retrouve dans une situation difficile, c’est que déjà Elle m’a équipé des ressources intérieures pour y faire face.

-Quelle que soit l’expérience dans laquelle je me retrouve, c’est qu’à un niveau profond je l’ai attirée à moi, et j’avais de très bonnes raisons, sur mesure avec mon chemin de vie : elle avait un cadeau à m’apporter — tantôt pour ma joie de vivre, tantôt pour ma croissance, tantôt encore pour mon service à d’autres.

-Aider quelqu’un d’autre à trouver ses propres réponses devant une souffrance, c’est forcément le faire en même temps pour moi : ça m’aide à consolider les miennes. Ce «donne-le pour le recevoir…» m’émerveille de la vie.

Si je parle pour moi, je peux affirmer que de telles perspectives ont pris du temps à faire leurs racines, même si elles me séduisaient depuis longtemps : elles ne cadrent pas toujours avec ce qu’on m’avait appris ! Il m’a fallu décider de leur donner leur chance, et décider après coup de regarder ce que ça a donné.

Conclure avec un chant de paix

En terminant, peut-être aimerez-vous faire silence un moment, en solo ou auprès d’une personne qui souffre, à l’écoute de ce petit bijou de chant de compassion. Il nous est offert par des disciples du regretté Thich Nhat Hanh :

 

Ici : une explication entourant ce chant (en français)

Denis Breton

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