Faire un pacte avec nos émotions difficiles : en apprendre quelque chose — Partie 2/2

<<< PREMIÈRE PARTIE DE L’ARTICLE

Un recul sur cette exploration

La première partie de cet article proposait des clés pour faire face à une émotion difficile à accueillir. J’ai appelé ça mes 3R
Ses mots-clés : Respirer, Ressentir, Réconforter…

Dans cette seconde partie, j’aimerais commenter ce qui me semble faire la force de ces clés, à leur racine, afin que nous en profitions au mieux.
Voyons ça d’un peu plus près…

  Nos émotions sont nos enseignants

J’ai bien aimé un commentaire de Matt Kahn, un guide spirituel chevronné, à propos de nos démêlés avec les émotions qui nous déstabilisent. (1)
Il les voit comme les gardiennes de notre expérience. En effet, si elles sont douloureuses, c’est qu’elles nous alertent sur les trous noirs de notre état d’esprit, pour que nous en apprenions quelque chose — bien sûr, pour opérer un changement salutaire.
Mais, comme des enfants pris sur le fait d’un mauvais coup, ces émotions ne vont nous enseigner que si nous les accueillons avec bienveillance. À travers elles, c’est nous-même convalescent que nous accueillons à chaque fois plus amoureusement.
Dans notre contexte humain jusqu’ici, grandir c’est ne jamais finir de se guérir. Et l’inverse est tout aussi bonne nouvelle : se guérir, c’est ne jamais finir de grandir.

Un autre aspect que suggère Kahn concerne le temps : nos émotions douloureuses gagnent à être traitées le plus près possible du moment où elles nous font souffrir — car alors vulnérable, déstabilisé, nous sommes en meilleure posture pour faire la vérité. Nous n’avons pas trouvé encore comment rendre porte-bonheur ce qui nous est arrivé. La première marche de l’escalier est sûrement de nous connecter à l’émotion.

C’est là que réside le cadeau, si nous réussissons à faire un pacte cette émotion. Si au lieu de la fuir ou de la combattre, nous décidons de l’apprivoiser : « Je t’accueille en amie, n’aie pas peur. Ne me fais plus mal. J’ai compris ce que tu es venue m’enseigner. »

Le bonheur : créer notre passerelle entre deux rives

Si ça nous fait du bien de respirer à fond tandis qu’on ressent l’émotion avec bienveillance, c’est que des besoins profonds y trouvent leur compte. Je les ramène volontiers à deux :

Nous ancrer au sensible :
D’un côté, pour devenir réceptif il nous faut une expérience palpable. Respirer nous a reconnecté à notre force de vie, à notre maîtrise; ressentir nous a fait nous sentir réel; la bienveillance a rallumé notre envie de faire confiance.
De plus, sans tarder on voit que quelque chose s’est passé : on ne lutte plus, on retrouve notre clarté d’esprit, on n’est plus inquiet.
La tête s’est faite plus discrète, n’a pas cherché à tout analyser pour mieux fuir; par contre elle a collaboré en appuyant sur le bouton qui a déclenché le processus. Au total, nous avons associé corps, tête et cœur.

Toutefois, s’il n’y avait que le sensible, nos expériences pourraient n’être qu’une série d’adaptations entre plaisir et déplaisir. Sans mûrir peu à peu nos fils conducteurs, nous serons girouettes au vent, réagissant aux situations par à-coups, paralysés par la moindre peur, le moindre inattendu. N’avez-vous pas soif de plus?…

Nous ancrer au sens :
 Si nous en prenons du recul, nos expériences nous parlent de nos raisons de vivre et de nos buts. Une petite voix nous chuchote même de nous relier à Plus grand.
Accepter d’apprendre de notre expérience nous fait réaliser ceci : nous ne sommes pas les victimes passives de ce qui nous arrive; nous créons du sens. Aussi bien quand nous nous paralysons  par notre inertie que lorsque nous saisissons l’occasion pour rebondir.
Il y a une forte probabilité alors qu’avec le recul, nous réalisions que nous venons d’échanger la peur de vivre pour la joie de vivre. Ce qui implique toujours une décision.

Des clés passe-partout ?

Certaines émotions nous ont secoué, bien d’autres viendront nous jouer dedans encore. Bien des fois, nous n’aurons pas le temps de philosopher avant de réagir ou de décider. Ce sera particulièrement le cas quand la situation viendra jouer dans nos vulnérabilités, nous faisant nous croire victime de ce qui nous arrive. Et aussi — surtout, même !  — quand nous aurons mieux compris que la meilleure façon de dissoudre un problème, après l’avoir pleinement accueilli, c’est de nous mettre au plus vite en mode création : et là, les mêmes 3R sont le réflexe tout trouvé pour entrer dans la bonne attitude.
Car seuls des réflexes acquis patiemment nous feront rechoisir le bonheur de l’instant.
De là l’importance d’avoir quelques clés passe-partout et de nous pratiquer à les utiliser.

Plus je combine ces trois leviers que sont la respiration, le ressenti et l’attitude bienveillante, plus je m’aperçois que j’y recours spontanément quand je me sens désinstallé, perplexe face à une situation. Ça me fait retomber sur mes pieds dans l’instant.
Je peux alors reprendre mon souffle, puis discerner sans stress. C’est trois-outils-en-un, que je comparerais à un tourne-vis à pointes multiples. Il n’est plus question de m’en passer quand je débouche sur une impasse.

Échanger ce qui nous fait mourir pour ce qui nous fait vivre

Quand on y pense, notre plus beau laboratoire semble bien être cet instant qui passe. Le bonheur, très patient, nous repose à chaque fois la même question : « …Vas-tu me re-choisir, cette fois-ci ?… » Nous pouvons rallumer son feu, là tout de suite, ou  reporter ça à plus tard.

L’intérêt de persévérer m’apparaît double :
– Non seulement accueillir avec bienveillance une émotion douloureuse, nous pardonner d’éprouver ça, nous remet le cœur en paix, immédiatement.
– Mais en plus ça devient une semence d’avenir, puisque nous avons renouvelé notre état d’esprit — qui fabrique toujours du pareil à lui-même pour la suite (une réplique de son taux vibratoire).

Si tout ça est vrai, quelle émotion heureuse aimerions-nous créer ou consolider, là tout de suite ?…

Denis Breton

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(1) Matt Kahn, Love Lifts the Darkness, Revealing the Miracle of You

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