Un ex-criminel lumineux : Ronald Bernard

Je sors d’une écoute aussi captivante qu’inattendue, par moments même fort émouvante.
Ronald Bernard est un bonhomme qui aujourd’hui plaide la cause des enfants abusés, et ose agir comme dénonciateur (whistleblower) de ce qu’il considère un système occulte puissant, avec lequel il a eu maille à partir. 

Abusé lui-même dans son enfance, Bernard est d’abord devenu homme d’affaire, banquier, et au total escroc professionnel, partout obsédé par une seule cible: tirer avec rage sur tout ce qui bouge au sein du monde adulte.
Happé par le système de l’ombre qui le faisait monter en grades, le dernier stade aurait été de consentir à abuser des enfants à son tour: il a refusé, malgré le danger pour sa vie dans la suite.

Cette vidéo, produite par l’International Tribunal for Natural Justice (1),  m’a profondément touché, pour deux raisons:

Le plus grand criminel : un être de lumière au mauvais coffre d’outils

Ronald Bernard évoque une réalité que vous et moi avons plus d’une fois entendue mentionner à propos du monde carcéral : il y a un type de gens que les criminels détestent plus que tout autre : ce sont les abuseurs d’enfants. (C’est pour cette raison qu’une fois en prison, le système carcéral doit les mettre à part pour les protéger des autres prisonniers.) Pourtant, mettez-leur un nouveau-né ou un oiseau blessé dans les bras, et ils vont craquer… 

Ce fait de criminels endurcis en dit beaucoup sur le fond d’un être au comportement dévoyé. On voit bien là que ceux qui endossent des rôles criminels sont, à la racine, des êtres blessés qui réclament justice, ne croient plus à celle de leur système social, et donc ont décidé de se faire justiciers eux-mêmes. Ils semblent ancrés dans une vision de deux mondes: d’un côté celui des enfants innocents, de l’autre celui des adultes qui ont volé leur enfance.
C’est à ce monde adulte qu’ils réclament justice, à la fois pour l’enfant blessé qu’ils portent toujours en eux; à la fois au nom d’une solidarité plus ou moins consciente avec tous les enfants qu’on a blessés. 
J’aimerais bien pouvoir valider cette interprétation, par exemple auprès de l’auteur de l’attentat perpétré à la Mosquée de Ste-Foy à Québec, en janvier 2017.

J’ai raconté ailleurs qu’un de mes enfants adoptifs m’avait sensibilisé déjà à quelque chose de cette dynamique, qui apparaît difficile à décoder. Orphelin, et plus tard aveugle,  ce gamin n’avait jamais pardonné à ses parents naturels de l’avoir «abandonné». Tout jeune à l’orphelinat il faisait les cent coups, se sentant justifié de faire payer le personnel ou les pensionnaires pour cette détresse qui l’habitait, à partir toujours du même reproche : adressé à ses parents, et confusément à la Vie tout court, sans doute. Il est devenu plus tard thérapeute, mais il aurait pu devenir un criminel brillant. 

Ronald Bernard, au fil de son témoignage, nous sensibilise aussi au fait que la personne qui s’enfonce dans l’expérience criminelle, non seulement devient utilisée par des forces, par un système bien rodé de plus grande criminalité encore — qu’il n’hésite pas à qualifier de satanique, et qui à l’extrême débouche sur des sacrifices humains.

Ce qui a particulièrement retenu mon attention, c’et que même engagé très loin dans la criminalité, Bernard nous confie qu’il n’avait qu’une parole, aussi bien à l’égard des gens honnêtes qu’à l’endroit des adeptes des réseaux mafieux.
Aussi, il nous fait voir que l’enlisement dans ce système de l’ombre se combine avec un dégoût croissant de soi-même. Au point que son propos choc résonne encore en moi: «la première preuve d’amour que j’aie vécue a été de vouloir me suicider».
Maintenir une parole donnée au cœur d’un système de corruption, ou vouloir débarrasser la société du criminel qu’on est devenu : n’y a-t-il pas là encore trace d’humanité?…

Quelqu’un peut-il changer sans qu’on ait d’abord reconnu sa légitimité?…

Le témoignage de Ronald Bernard éclaire un peu plus pour moi la dynamique du mal aimé ou de l’acte extrême. Il me semble qu’il a de quoi inspirer aussi la recherche de réadaptation d’une personne criminalisée.

Si on croit que tout criminel conserve un sens inné de la justice et des réflexes de solidarité, ne devrions-nous pas socialement remonter davantage aux causes de la déviance, consacrer plus de ressources à la réhabilitation des contrevenants, et même trouver comment en faire des agents de changement — eux qui ont si bien compris la dynamique qui se joue dans la criminalité?…
À l’échelle planétaire, nous entendons de plus en plus parler de dénonciateurs. Bernard lui-même voit la seule issue dans une collectivité qui se réunit pour dire « C’est assez, plus jamais!… »

Enfin, la valeur de son témoignage débouche sur le terrain spirituel. Situant le geste criminel dans le cadre plus large d’une Humanité lancée dans une expérience de dualité programmée, il laisse entendre que nous n’aurons pas gradué de cette école tant que nous n’aurons pas intégré la compassion et le pardon à notre coffre d’outils.

Denis Breton
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(1) Ce témoignage de  Ronald Bernard ~ Fmr. Dutch Banker (ITNJ Seating) (vidéo de 33 min., en anglais) est donné dans le cadre plus large de la Commission judiciaire de l’ITNJ — Dans cette autre vidéo, celle-ci propose une vision systémique de la pédophilie et du trafic international d’enfants.

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1 réflexion au sujet de “Un ex-criminel lumineux : Ronald Bernard

  1. Magnifique témoignage, de quoi se réconcilier avec l ‘humanité, voire avec soi-même, et une occasion de se réveiller enfin de notre petit confort moral et de notre bulle douillette. Car pendant que nous dormons d’autres agissent et pas pour notre bien!! Merci à cet homme!!

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