L’affection reçue nous marque plus longtemps que les coups encaissés

main d'un bébé dans celle d'un adulte

Voilà en substance une vision qu’endosserait volontiers le grand psychiatre et scientifique Boris Cyrulnik  — qui a popularisé le concept de résilience –  lui qui a connu la mort de sa famille dans les camps de concentration, et qui a soigné quantité de gens marqués par la guerre ou par une éducation parentale déficiente. (1)

Il met en évidence qu’on peut être marqué deux fois par un événement douloureux…

  Les coups au corps, les coups au cœur

La première blessure vient du dehors : le corps est blessé.
La deuxième blessure vient du dedans : c’est celle qu’on s’inflige soi-même par la représentation négative qu’on s’est faite de l’événement douloureux.
D’après Cyrulnik les deux coups se sont enregistrés dans notre corps : les recherches l’attestent. Mais le deuxième coup, lié à notre jugement sur la situation, lui peut toujours être changé — puissamment aidé par le contact de quelqu’un qui nous accueille inconditionnellement dans notre émotion.

La piste d’action que m’inspire Cyrulnik : construire un sens

Je n’ai pas toujours ce support affectif de quelqu’un d’autre au bout de mes coups durs. Tant mieux si j’en reçois : ça va m’aider à me guérir. Mais en définitive ma guérison ne pourra être complète que le jour où je serai arrivé à m’accueillir moi-même dans cette expérience : alors j’aurai conquis une paix qui promet de durer.

Comment avancer dans l’accueil bienveillant que je m’offre à moi-même ?…
Mon expérience m’a appris que je ne peux pas forcer les gens à me comprendre et à m’aimer. Mais je peux me construire, patiemment, un sens à l’intérieur duquel mes blessures m’apparaîtront autrement.

C’est ce qui m’arrive à mesure que je décide d’adopter certaines perspectives davantage porte-bonheur. Par exemple celle que la Vie m’aimera toujours davantage qu’un humain a su m’aimer, puisqu’Elle a choisi de m’appeler à la vie. La perspective que la Vie m’a donné les moyens de rebondir vers plus de vie, quels que soient les événements vécus — c’est ça que Boris Cyrulnik appelle la résilience.

«…Ah ouaih, la pensée positive… »

C’est sûr que de telles perspectives peuvent m’apparaître de pures constructions cérébrales pour un temps, une façon simplement plus positive de me dire ce qui m’arrive. Pourtant, mon cœur me murmure que ça recommence là : trouver des raisons plausibles à mes yeux de m’aimer toujours un peu plus.

La bonne nouvelle — à mesure que j’en fais des décisions d’action — c’est que peu à peu ça passe du cérébral à l’instinctif.  Et comme mon expérience de demain est faite de mon état d’esprit d’aujourd’hui, elle finira par me le prouver. Et c’est ce qui m’arrive.

Bien sûr, c’est une question de pratique tenace, de lâcher-prise …avec en fond de scène un peu plus de confiance en la Vie : Elle n’a mis que du bon bois dans mon feu : je pourrai toujours souffler sur les braises…

Denis Breton

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(1) À titre d’exemple, je vous invite à visionner sa conférence Le récit de soi.

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